Est-il concevable qu’après six années de scolarité l’élève soit incapable de lire et de comprendre un texte court et simple, et de résoudre un petit problème de calcul à une seule opération ? Pourtant, c’est le cas de la moitié des élèves dans les systèmes éducatifs de l’Afrique de l’Ouest. Selon le rapport d’évaluation des compétences de base à la fin du cycle élémentaire, dans dix pays d’Afrique subsaharienne dont la Guinée (Rapport de PASEC 2019 ; https://www.confemen.org/rapport-international-pasec2019/) la moitié des élèves n’acquièrent pas des compétences fondamentales, à savoir lire, écrire, compter.

Pourtant, à l’âge d’aller à l’école, les enfants sont naturellement curieux, avides d’apprendre. Ils ont le désir de connaître, de comprendre, de découvrir. Ils posent beaucoup de questions, interrogent. Chacun veut se sentir capable, compétent. Alors, que devient, au fil des années, dans les écoles en Afrique de l’Ouest, ce désir d’apprendre, si ardent à la petite enfance ?  Comment fait-on pour l’étouffer, au lieu de le nourrir ?

Voici quelques pistes.

  • Enseigner sans exigences, sans attentes.
  • Enseigner des contenus fragmentés, morcelés, dépourvus de sens. Privilégier des savoirs figés et simplifiés.
  • Enseigner sans considérer les besoins des élèves. Leur proposer des activités monotones, répétitives, insignifiantes, comme par exemple recopier à partir du tableau, répéter, mémoriser.
  • Punir, menacer, voire frapper les élèves afin de les contraindre à apprendre. Adopter une posture menaçante.
  • Enseigner sans évaluer le progrès des élèves. Evaluer est contraignant et prend assez du temps. Si nécessaire, évaluer une ou deux fois dans l’année. Eviter de situer les élèves par rapport à leur apprentissage.
  • Enseigner sans impliquer les élèves. Interdire également les interactions entre élèves pour prévenir l’indiscipline.
  • Enseigner avec très peu ou sans matériel pédagogique.

Lorsque l’élève bénéficie d’un tel enseignement, au fur et à mesure de sa scolarité, petit à petit, son envie d’apprendre s’estompe. Résultat ? Il se désintéresse de l’apprentissage, décroche, abandonne. C’est ainsi qu’on entretient l’ignorance…

Vous trouvez cela inconcevable ? Voulez-vous savoir comment donner envie d’apprendre ?

Cela sera le thème du prochain article.

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